Comme les élèves hésitent en public à poser des questions, lors des cours d'Alain Peyrache il y a une boite à questions. Les pratiquants peuvent donc anonymement poser leurs questions.
En voici quelques-unes en espérant n'avoir pas trop déformé la réponse apportée par Alain Peyrache ou un uchi deshi car il demande souvent aux uchi deshis de répondre. Comme d'habitude il faut toujours être prêt. Certains croyaient savoir...
Il suffit de cliquer sur le lien pour ouvrir ou fermer le sujet.
L'aïkido est un outil. Pas la solution miracle à tous vos problèmes. Il est adapté pour certaines choses et pas pour d'autres, comme tous les outils.
Un outil dépend de celui qui s'en sert, de sa compétence, de ses intentions.
Cette question démontre donc que ces fondamentaux ne sont pas compris. L'objectif de l'aïkido comme tous les chemins, ce qu'on appelle le « do », a pour objectif la réalisation de soi-même.
C'est donc un outil qui vous met dans une situation particulière : "vous êtes agressé" donc touché au plus profond de vous-même, quelles sont alors les ressources que vous possédez pour faire face ?
C'est là que vous mesurez ce que vous êtes réellement, face au danger. Le constat effectué vous essayez de progresser afin de pouvoir, de manière optimum, faire face et avoir des solutions.
Autrement dit vous ne recherchez pas à être invincible, ou le plus fort (et autre délires, etc...) mais simplement à optimiser ce que vous êtes, sur tous les plans.
En changeant vous-même vous changez tout ce que vous faites ainsi que votre environnement.
Voilà encore un raccourci classique, on sort les choses de leur contexte et on érige cela en une loi…
La deuxième partie de la question nous éclaire aussi : nous avons affaire à un consommateur qui est persuadé que s'il multiplie les professeurs, il aura un meilleur enseignement.
Si l'on suit ce raisonnement un étudiant en musique a tout intérêt à étudier Mozart et le roi du rap : il n'en sera que meilleur ?
L'étudiant en cuisine ne peut être que plus performant s'il prend des cours avec Paul Bocuse et chez McDo ?
Un raisonnement hautement efficace...
Difficile de se débarrasser de nos habitudes culturelles, de notre formatage de consommateurs de grande surface, quand ce n'est pas celui de l'éducation nationale, aujourd'hui fortement remise en cause vu son inefficacité…
Ceux qui ont été formés par elle ne peuvent s'empêcher d'utiliser ce même raisonnement désuet et inadapté en ce qui concerne l'aïkido.
Comme disait Maître Tamura :
"Vous pouvez mettre tout ce que vous possédez sur la table et demander aux gens de se servir ils ne partiront qu'avec ce qu'ils peuvent mettre dans leur poche, si elles sont déjà pleines ils ne mettront pas grand-chose."
C'est sans doute la chose la plus difficile à faire en aïkido : ne pas aborder cet art avec votre formatage sportif ou culturel, qui empêche de le voir tel qu'il est et qui ne peut que dénaturer ce que vous allez apprendre.
C'est la vieille histoire de Coluche :
"Les adultes disent toujours : plus l'on devient grand plus l'on devient bête... En grandissant l'homme aurait une capacité intellectuelle amoindrie… Mais comme ce sont des adultes qui le disent… !"
L'homme est doué de parole, pourquoi ne pas s'en servir quand c'est justifié et opportun. Chaque chose en son temps et il y a un temps pour chaque chose.
Donc la remarque on ne doit pas parler quand on pratique c'est vrai et faux en même temps, lorsqu'on pratique on ne doit pas parler de sujets futiles qui n'ont rien à voir avec la pratique et qui ne sont évoqués que pour passer le temps ou se reposer, car on déconcentre les autres et bien sûr soi-même, ce qui est toujours dangereux.
Comme on n'interrompt pas une technique en cours de route pour discuter... Un professeur lorsqu'il intervient pour corriger un élève, explique et démontre en quoi l'élève n'obéit pas aux consignes afin de l'aider ce qui est normal. Il faut donc éviter de dire que l'on ne doit pas parler : c'est complètement stupide, on doit au contraire utiliser toutes nos capacités afin d'appréhender (puis retransmettre) le meilleur enseignement possible. Il faut simplement le faire au bon moment. Si l'on se contente uniquement de pratiquer en espérant comprendre un jour on ne comprendra jamais rien, une partie de l'enseignement passe par la parole.
En ce qui concerne le fait d'apprendre auprès de plusieurs professeurs, cette conception de consommateurs et d'ignorants de l'aïkido a la vie dure...
C'est le fonctionnement sportif dans toute sa splendeur !
Un aïkidoka est l'élève d'un maître qu'il a choisi. Il peut en changer mais il n'étudie pas avec plusieurs maîtres en même temps. Ne vient-on pas étudier l'enseignement d'un artiste (le maitre)? Lui seul le possède...
S'il en change avec son esprit de consommateur il faut qu'il en assume les conséquences : il ne reviendra jamais pratiquer avec le maître qu'il a quitté.
Un maître d'aïkido n'est pas un self-service à la disposition du consommateur. Les maîtres n'ont que mépris pour ces gens là.
Pour une raison très simple : ce sont des gens qui ne savent pas ce qu'ils veulent, un maître n'a pas de temps à perdre avec des gens qui sont comme un bateau sans gouvernail.
C'est une perte de temps. Un maître n'a pas de temps à perdre car former un élève demande du temps, de la cohérence, de la rigueur.
La vieille idée que le consommateur a tous les droits parce qu'il paye et que le maître n'a aucun droit car il est payé et à la disposition de celui qui paye : une funeste erreur !
Les gens persuadés de cela sont rapidement éjectés du dojo d'un maître car ils n'ont rien à y faire. Ils n'intéressent que les commerçants et les supermarchés qui sont prêts à satisfaire moyennant finances tous les délires des consommateurs.
Un élève sollicite l'enseignement du maître et le maître le prend comme disciple ou pas : c'est son choix.
Si l'élève choisit son maître et son dojo, le professeur choisit son élève. L'élève « centre du monde » dans son esprit a énormément de peine à admettre qu'un maître choisisse ses élèves, la première réflexion qui vient souvent c'est : « ce n'est pas démocratique ».
Même dans l'éducation nationale un élève qui perturbe un cours se retrouve puni ou exclu du cours. Dans un enseignement privé à tout moment vous pouvez être éjecté de cet enseignement, c'est un principe de liberté (d'accepter ou pas un élève) adossé à celui de la démocratie (liberté d'association, de réunion, d'expression, etc).
Liberté du maitre d'aïkido nécessaire puisque par son art il peut rendre dangereux un individu, pour lui-même comme pour la société. Il doit donc engager sa responsabilité et avoir le courage de refuser un élève, et ce même si c'est une perte d'argent pour son dojo puisque c'est l'intérêt de l'élève, de la société et de l'aïkido.
Ceci est par exemple impossible dans une fédération sportive habilitée par le ministère de la jeunesse et des sports car cette fédération représente l'État : elle est donc tenue d'accepter n'importe qui.
La différence entre la poubelle et la cuisine de qualité, qui elle bien sûr a un prix. Même si vous êtes accepté selon votre attitude, vos capacités et votre développement vous n'aurez pas le même enseignement. Il y a un cours collectif généraliste et à l'intérieur de ce cours, ou en dehors, une relation maître/élève personnalisée qui vous permet ou pas de passer certains caps, inaccessibles autrement.
Un maître ne perdra donc pas son temps avec un consommateur qui ne sait pas ce qu'il veut et n'est pas fiable.
Prenons l'exemple du boulanger : un boulanger a des clients qui viennent acheter son pain en fonction d'un rapport qualité-prix, d'une facilité d'accès et autres motifs triviaux de la consommation.
Il a aussi des employés, des apprentis. Il ne viendrait pas à l'idée d'un client de venir commander les employés ou d'expliquer au patron ce qu'il doit faire, ce serait complètement déplacé même sous prétexte démocratique !
Dans un dojo c'est la même chose : les uchi deshis n'ont pas le même traitement que les consommateurs, ni les mêmes fonctions, ni les mêmes responsabilités.
Un professeur d'aïkido ne s'intéresse qu'à ses élèves et aux élèves de ses élèves (soto deshis).
Les élèves des autres professeurs qu'il ne connaît donc pas il n'en a rien à faire, question de respect élémentaire vis à vis du travail de ces autres professeurs.
Ce ne sont, dans le meilleur des cas, que des visiteurs de passage à qui on offre l'hospitalité.
Un sempaï lorsqu'il constate l'erreur d'un kohaï doit tout de suite intervenir, c'est sa manière d'apprendre.
La question se pose : comment intervenir ?
S'il le fait à la japonaise ce sera assez rude et physique, cela risque même d'être brutal selon la faute commise.
À lui de comprendre la leçon. Rappelons que nous pratiquons un art martial, un art militaire, et que les militaires ne font pas dans la dentelle ni dans la conversation de salon.
À l'occidentale ce sera éventuellement plus civilisé ! "Excusez-moi, mais votre attitude ou votre démarche n'est pas conforme à la pratique de notre art..."
Celui qui est l'objet du message peut avoir plusieurs réactions : « Tu n'es pas mon professeur alors je n'ai rien à faire de ce que tu peux me dire. »
Le sempaï a fait son travail, le kohaï n'en a rien à faire. Cela peut être dangereux pour le kohaï car le sempaï n'ayant pas apprécié la réponse peut traiter le cas à la japonaise et tant pis pour le pauvre kohaï...
Il n'aura que ce qu'il mérite : incapable d'apprécier le danger de sa situation… Ce qui peut entraîner des problèmes qu'il sera incapable de maîtriser.
Ou : "merci j'ignorais la chose… Merci de m'avoir permis de m'améliorer".
C'est en général la réponse des gens intelligents. Si le sempaï connaît le professeur il le tiendra informé de l'image que donne son élève de son enseignement : "Excusez-moi de vous informer de l'attitude de votre élève peu conforme avec notre pratique, j'ai constaté que… et je l'ai averti avec tel résultat… À vous de voir ce que vous avez à faire, vous êtes au courant."
Là aussi la réponse peut être très différente : "De quoi se mêle ce gars, pour qui se prend-il ?"
C'est en générale l'attitude des professeurs incompétents mais qui croient tout savoir...
Le professeur compétent lui se posera en général des questions : "Ai-je appris à mon élève cet aspect de la pratique ?" "Si oui pourquoi ne le fait-il pas correctement ?" "Pourquoi mon élève a-t-il une attitude différente quand il est avec moi au dojo et quand il est avec d'autres ?"
Ce qui lui donnera des idées d'enseignement et lui permettra de corriger et de faire évoluer sa pédagogie.
Car enseigner c'est une façon d'apprendre : chaque problème est une situation intéressante permettant d'apprendre quelque chose.
Il remédiera donc à cela afin que son enseignement soit encore plus performant.
Cela dépend donc des cas, des personnes, de leurs compétences, de leurs relations et de leur motivation : en fonction de quoi la réponse peut être très variable.
La vie peut être injuste et inégalitaire.
Par définition c'est parce qu'il existe des différences, un mouvement permanent, que la vie existe.
L'homme lui a horreur du changement : il cherche à figer les choses et vit dans l'instant présent qui n'existe déjà plus quand il est créé.
C'est une illusion, une création de notre cerveau qui nous rassure. L'homme est persuadé qu'il va gagner au jeu : loto, tiercé, etc. Mais à aucun moment il pense qu'il aura un accident. Hors les probabilités indiquent qu'un accident a beaucoup plus de chances de se produire que de gagner au jeu. Nous passons donc notre vie à nous raconter des histoires, à nous rassurer, à essayer d'oublier que nous sommes mortels. S'il y a une chose où nous sommes à égalité c'est que nous allons tous mourir un jour.
Notre évolution a connu des hommes extraordinaires, qui sont morts comme tout le monde. Et que s'est-il passé ?
La vie a continué sans eux tout simplement… C'est une question qui s'est posée avec le fondateur de l'aïkido. Que va devenir l'aïkido une fois le fondateur et créateur mort ? Vous avez la réponse : les pratiquants ont continué à faire ce qu'ils étaient capables de faire, certains avec un travail de qualité ont continué la voie du fondateur, d'autres se sont perdus dans les mirages du sport et leur désir de s'enrichir ou d'acquérir du pouvoir. Vanité humaine et pulsion de l'égo non maitrisée, très courante chez les pratiquants d'aïkido.
Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul... "La plus grande chute est celle qu'on fait du haut de son innocence." Michel de Montaigne
La sagesse n'est donc pas l'apanage de la tradition orientale. L'avantage de la pratique de l'aïkido traditionnel : "un maître, un dojo", système où quoi qu'il arrive, lorsque les gens disparaissent le dojo continue son fonctionnement habituel.
C'est ainsi que se sont transmis tous les arts martiaux depuis des siècles après la mort de leur fondateur.
Certains comme l'aïkido ont très vite été dénaturés : en aïkido avec le premier doshu Kisshomaru Ueshiba qui a déclaré tout de suite que ce que faisait le fondateur était trop compliqué et inaccessible pour lui.
Ce qui ne veut pas dire que c'est le cas pour les autres. Malgré tout il l'a dénaturé pour simplifier... " Si moi je ne comprends pas les autres ne peuvent pas comprendre non plus." Là aussi : vanité.
C'est pourquoi il s'est mis au business : adoption des grades du judo, etc. Normal pour un assureur !
On ne demande pas à un assureur d'avoir à la fois une mentalité d'assureur et de professeur d'aïkido.
Quand un assureur de formation fait de l'aïkido il y a de grandes chances qu'il le fasse comme un assureur.
Ce fut le cas...
Donc que deviendra l'EPA, le dojo d'Alain Peyrache ?
Comme partout cela dépendra de la qualité de ses meilleurs élèves. Ils ont donc tout intérêt à profiter de ses conseils pendant qu'il est encore vivant.
Maître Tamura a toujours regretté de ne pas avoir été plus attentif aux paroles du fondateur lorsqu'il était jeune et occupé à des choses plus triviales de son âge.
À la mort du fondateur il a passé toute sa vie à essayer de rassembler ses souvenirs et de travailler pour coller au plus près de l'enseignement du fondateur de l'aïkido.
On peut regretter que cet enseignement ne comportait pas de formation pour préserver l'aïkido dans un monde occidental au fonctionnement sportif, donc à l'opposé du fonctionnement traditionnel, qui ne peut que polluer et détruire cet art.
La tradition orientale nous dit que :
« si l'anguille se complet dans la boue l'homme n'y trouvera que des rhumatismes »…
L'aïkido hors du fonctionnement traditionnel, qui a donné les plus grands maîtres, ne pourra qu'être dénaturé et pollué…
Le "vulgaire" dont parle la tradition orientale ne peut s'approprier un art extérieur à sa culture qu'en l'intégrant dans sa propre culture et ses propres codes, il a ainsi l'impression de le connaître sans jamais l'avoir appris : n'est-ce pas merveilleux ?
Acupuncture et autres art orientaux ont été ainsi victimes de notre obscurantisme et de notre manque de respect. Comment peut-on apprendre quelque chose de gens qui n'ont pas notre culture, notre développement, quand notre mode de pensée est de se définir forcément comme étant meilleur…?
"Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage" Michel de Montaigne
RGPD : RGPD : Nous prenons très au sérieux la protection des données et de votre vie privée. En tant qu'école internationale, nous nous efforçons toujours d'assurer la conformité avec les différentes réglementations. Fidèle à nos principes chaque dojo gère ses adhérents et les données d'un dojo ne sont pas transmises ou accessibles aux autres dojos. Vos données sont à usage interne uniquement destinées à la gestion associative basique légale des divers pays membres de notre école.