Aïkido traditionnel Pourquoi ? Comment le reconnaitre ?
L'aïkido traditionnel ne fait pas partie de notre culture, il est notoirement méconnu
Un cours d'essai pour commencer
l'aïkido il faut débuter un jour
1. Un occidental est souvent complètement désorienté lorsqu'il
débute
- L’aïkido traditionnel est enraciné dans la culture japonaise et surtout la tradition orientale, ce qui peut déstabiliser un pratiquant occidental débutant.
- Un débutant passe souvent beaucoup de temps à chercher des équivalences dans sa propre culture. Ce faisant, il risque d’adopter de mauvaises habitudes, de se tromper de voie et, avant même de s’en rendre compte, d’avoir perdu un temps précieux.
- Cela s’explique par le fonctionnement naturel de notre cerveau, qui tente toujours de retrouver dans sa mémoire des repères familiers : ainsi, un dojo devient un club, l’aïkidogi un kimono. Il cherchera en vain à adopter un comportement sportif adapté, alors que l’aïkido n’est pas un sport, mais un art.
- Le problème, c’est que la plupart du temps, un Occidental n’a pour référence que le sport, et cela depuis la petite enfance.
- 1. Rapport au corps et au mouvement
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Absence de logique de combat occidentale :
En Occident, les arts martiaux sont souvent perçus comme des sports de combat
(boxe, judo, karaté
compétition).
L’aïkido, lui, privilégie la fluidité, l’économie de mouvement et la non-opposition, ce qui peut sembler contre-intuitif. - Postures et déplacements inhabituels : Les positions basses (comme hanmi), les rotations du bassin, et les déplacements en cercle ou en spirale ne font pas partie de la motricité quotidienne occidentale.
- Souplesse et relâchement : La tension musculaire constante, typique des sports occidentaux, est à l’opposé du relâchement (aiki) recherché en aikido.
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Absence de logique de combat occidentale :
En Occident, les arts martiaux sont souvent perçus comme des sports de combat
(boxe, judo, karaté
compétition).
- 3. Philosophie et état d’esprit
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- Non-compétitivité : L’absence de compétition, de victoire ou de défaite est difficile à accepter pour une culture où la performance et la réussite individuelle sont valorisées.
- Concept de “non-agressivité” : L’idée de neutraliser sansblesser, de s’harmoniser avec l’attaque plutôt que de la contrer, est souvent mal comprise au début.
- Méditation en mouvement : L’aikido est parfois décrit comme une “méditation en action”, ce qui peut sembler abstrait ou spirituel à un public occidental habitué à une approche plus technique ou physique.
- 4. Rituels et étiquette (Reishiki)
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- Saluts (rei) répétés : Saluer en entrant/sortant du dojo, saluer le kamiza (autel), saluer son partenaire avant/après chaque exercice… Ces rituels peuvent sembler superflus ou religieux.
- Silence et concentration : Parler pendant le cours, rire, ou exprimer sa frustration est mal vu, alors que cela est souvent toléré dans les sports occidentaux.
- Tenue et propreté : Le port du keikogi (kimono) propre, plié de manière spécifique, et l’interdiction de porter des bijoux ou des chaussures sur le tatami sont des règles strictes qui peuvent surprendre.
- 5. Langage et terminologie
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- Termes japonais : Les noms des techniques (ikkyo, shihonage, iriminage…), des positions (hanmi, seiza), ou des consignes (maai, kiai) sont rarement traduits, ce qui crée une barrière linguistique.
- Absence de traduction systématique : Les professeurs utilisent souvent des termes japonais sans les expliquer, supposant que l’élève les apprendra par l’immersion.
- 6. Rapport au temps et à la progression
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- Lenteur de l’apprentissage : En aikido, on répète les mêmes mouvements pendant des années. Cela peut sembler monotone pour un occidental habitué à une progression rapide et variée.
- Apprentissage par l’observation et l’imitation : Peu d’explications théoriques, beaucoup de démonstrations à reproduire, ce qui peut frustrer ceux qui aiment comprendre avant de faire.
- Acceptation de l’échec : En aikido, “échouer” fait partie du processus. En Occident, l’erreur est souvent perçue comme un signe de faiblesse ou d’incompétence.
- 7. Culture du groupe vs individualisme
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- Pratique collective : L’aikido se pratique à plusieurs, avec un fort esprit de groupe (dojo). L’individualisme occidental peut entrer en conflit avec cette dimension communautaire.
- Rôle du partenaire (aïte/tori) : Accepter de jouer le rôle d’aïte (celui qui attaque et qui “perd”) est difficile pour un occidental habitué à toujours vouloir “gagner”. En réalité aïté n'est pas passif il pratique la même chose de l'autre coté, mais c'est pas comme cela que c'est perçu. Au début le débutant a une impression de complaisance eïté (le yin/yang) .
- Entraide et humilité : Aider les autres, même moins "gradés" (moins ancien dans la pratique), et accepter de recevoir de l’aide, va à l’encontre de la culture de la performance individuelle.
- 8. Spiritualité et dimension énergétique
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- Notion de ki (énergie) : Le concept de ki, central en aikido, est souvent perçu comme ésotérique ou mystique par les occidentaux, qui préfèrent une approche mécanique ou pseudo-scientifique qui les rassurent.
- Respiration et centrage : Les exercices de respiration (kokyu) et de centrage (seika tanden) sont peu familiers et peuvent sembler abstraits.
- Comment surmonter ces difficultés ?
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- S’ouvrir à la culture japonaise : Lire sur le bushido, le shintoïsme, ou la philosophie zen aide à comprendre le contexte.
- Accepter de ne pas tout comprendre : L’aikido se vit autant qu’il se comprend.
- Poser des questions (hors tatami) : Les professeurs ou les anciens sont souvent ouverts aux échanges après le cours.
- Pratiquer régulièrement : La répétition permet d’intégrer progressivement les mouvements et l’état d’esprit.
- Professeur et uchis deshis sont là pour cela...
2. logique artisanale/traditionnelle et logique sportive ou moderne
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Comprendre pourquoi ce modèle est si mal compris en Occident, et pourquoi il persiste
dans l’aïkido traditionnel.
Un dojo n'est pas un club, il n'y a qu'un maitre dans un dojo. - 1. Le Dojo : une école, une maison, une lignée
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Dans la tradition japonaise, un dojo n’est pas un simple lieu d’entraînement, mais
l’incarnation physique de l’enseignement d’un maître.
Voici pourquoi : -
- Transmission directe : Le maître (sensei) est le garant d’une lignée (ryūha), d’un savoir-faire et d’une philosophie qu’il a lui-même reçus de son propre maître. Il n’est pas interchangeable.
- Responsabilité totale : Le maître est responsable de la progression technique, morale et spirituelle de ses élèves. Il en répond devant ses pairs et ses ancêtres martiaux.
- Unité de l’enseignement : Un seul maître assure la cohérence de l’enseignement, évitant les contradictions ou les interprétations divergentes de plusieurs points de vue obligatoire puisque chacun n'est pas au même parcours sur la voie. C'est pourquoi on choisit son maitre.
- Un enfant de maternelle n'aura pas le mêm avis sur un sujet qu'un élève de faculté. Si les 2 ont leur mot à dire c'est impossible d'avancer.
- Attention donc à ceux qui font n'importe quoi avec n'importe qui et qui en tire fierté ce ne sont pas des pratiquants d'aïkido.
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Analogie artisanale :
Un dojo c’est exactement le modèle de l’artisanat occidental
traditionnel :
un maître (compagnon confirmé) forme des apprentis dans son atelier, selon ses méthodes et ses valeurs.
On n’imagine pas un atelier de luthier ou de forgeron avec plusieurs maîtres aux approches différentes.
- 2. Pourquoi un seul maître ? La logique de la tradition martiale
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- Fidélité à la lignée : En aikido traditionnel, on ne “choisit” pas son maître comme on choisit un club de sport. On s’engage dans une voie (dō), sous la guidance d’un enseignant reconnu par sa lignée.
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Relation maître-élève :
Cette relation est presque sacrée au Japon.
Elle repose sur la confiance, le respect et la loyauté.
Le maître s’engage à transmettre, l’élève à recevoir et à perpétuer. - Profondeur vs diversité : Un seul maître permet d’approfondir un style, une vision, une énergie (ki) spécifique. Multiplier les maîtres aux approches différentes, dilue l’enseignement et empêche l’élève de s’ancrer.
- Exemple : Dans les arts martiaux japonais classiques (koryū), il est interdit de pratiquer plusieurs écoles en même temps, car cela est vu comme une trahison envers le maître et la lignée.
- 3. Pourquoi les Occidentaux ne comprennent-ils pas ce modèle ?
- a) Formatage sportif et consumérisme
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- Logique de club : En Occident, on est habitué à des clubs où l’on paie pour un service (cours de sport, coaching), avec des entraîneurs interchangeables, des horaires flexibles, et une approche “client”.
- Culture du choix : On veut “tester” plusieurs professeurs, plusieurs styles, comme on teste des abonnements en salle de sport. L’idée de s’engager à long terme sous un seul maître semble restrictive.
- Instantanéité : On attend des résultats rapides, mesurables (ceintures, compétitions). La lenteur de la progression traditionnelle déroute.
- b) Individualisme vs collectivité
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- Culture de l’individu : En Occident, on valorise l’autonomie, la liberté de choix, la remise en question de l’autorité. La soumission à un seul maître, sans discussion, heurte cette sensibilité.
- Méfiance envers l’autorité : Après des siècles de lutte contre les dogmes (religieux, politiques), l’idée d’un maître “incontestable” semble archaïque, voire dangereuse.
- c) Manque de contexte culturel
-
- Ignorance des valeurs japonaises : Le respect (kei), la loyauté (chū), la persévérance (gambaru), la dette (on) envers le maître sont des concepts étrangers à la culture occidentale contemporaine.
- Spiritualité vs rationalité : La dimension spirituelle ou énergétique (ki) de l’aïkido est souvent perçue comme de l’ésotérisme, alors qu’elle est au cœur de la pratique traditionnelle.
- 4. Un maître ≠ un entraîneur sportif
-
La confusion vient souvent de l’amalgame entre maître traditionnel et entraîneur sportif
:
- Transmet des techniques pour gagner des compétitions.
- Est évalué sur des résultats immédiats (victoires, performances).
- Peut être remplacé par un autre entraîneur aux méthodes différentes.
- Le maître d’aïkido traditionnel :
-
- Transmet une voie (dō), une philosophie de vie, pas seulement des techniques.
- Est évalué sur la qualité de la transmission à long terme, la fidélité à la lignée, et la progression morale de ses élèves.
- N’est pas interchangeable : il incarne l’école.
- O-Sensei (Morihei Ueshiba, fondateur de l’aïkido) disait : “L’aïkido n’est pas une technique à maîtriser, mais une voie à parcourir.” Cela résume bien la différence.
- 5. Pourquoi ce modèle résiste-t-il ?
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Malgré les incompréhensions, ce modèle persiste car :
- Il garantit l’authenticité de l’enseignement.
- Il préserve la profondeur de la pratique, bien au-delà de la simple efficacité technique.
- Il crée un lien fort entre les pratiquants, qui partagent la même référence et les mêmes valeurs.
- En Occident, certains dojos modernes ou plutôt club sportif, adoptent des modèles plus “sportifs” (plusieurs professeurs, cours à la carte), mais ils s’éloignent alors de la tradition pour s’adapter à la culture locale. D'ailleurs ils adhèrent à des fédérations sportives
-
- Le modèle d’un seul maître par dojo est cohérent avec la logique artisanale et martiale traditionnelle, mais il entre en conflit avec la culture sportive, individualiste et consumériste de l’Occident. La difficulté à comprendre ce fonctionnement vient donc moins de l’aïkido lui-même que de nos propres conditionnements culturels. Signe la fin de l'aïkido...
3. Saluer la photo du fondateur ne veut pas dire que l'on respecte
son œuvre
- 1. L’aïkido du fondateur : un art martial, une voie spirituelle, pas un sport
- a) La vision d’O-Sensei
-
Morihei Ueshiba a conçu l’aïkido non comme une méthode de combat ou un sport, mais comme
une voie (dō) d’harmonisation avec l’univers, une pratique à la fois martiale,
philosophique et spirituelle.
- But ultime : La réalisation de soi, la paix intérieure, l’unification du corps et de l’esprit, la contribution à la paix dans le monde.
- Méthode : La pratique répétée des techniques (waza) comme moyen de purifier le corps et l’esprit, de développer le ki (énergie vitale), et de s’harmoniser avec le partenaire (aiki).
- Dimension sacrée : Pour O-Sensei, chaque mouvement était une offrande, une prière. Le dojo était un lieu de transformation, pas un gymnase.
- Citation d’O-Sensei : « L’aïkido est la voie qui permet de relier toutes les choses de l’univers en une seule famille. »
- b) L’école (ryū) comme garde-fou
- Une école martiale traditionnelle (ryūha) est dirigée par un maître (sōke ou shihan) qui a reçu la transmission directe du fondateur ou de ses successeurs.
- Rôle de l’école :
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- Préserver l’intégrité de l’enseignement.
- Garantir la qualité technique et spirituelle.
- Assurer la continuité de la lignée et de la philosophie du fondateur.
- 2. Pourquoi adhérer à une fédération sportive trahit l’esprit de l’aïkido traditionnel ?
- a) Logique sportive vs logique martiale
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Fédération sportive École martiale traditionnelle Recherche de performance, compétition, résultats. Recherche de perfectionnement intérieur, harmonie, non-opposition. Règles standardisées, arbitres, gagnants/perdants. Pas de compétition, pas de jugement, pas de défaite. Multiplicité des enseignants, interchangeables. Un seul maître, garant de la lignée. Grades et ceintures comme récompenses. Grades comme étapes de progression sur la voie, pas comme récompenses. Adaptation aux attentes du public (marketing, accessibilité). Fidélité à l’enseignement originel, même s’il est exigeant ou incompris. - b) Conséquences de l’adhésion à une fédération sportive
- Dilution de l’enseignement :
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- Les fédérations imposent souvent des programmes techniques standardisés, des règles de sécurité, des adaptations pour rendre la pratique “accessible” ou “spectaculaire”.
- Résultat : les techniques deviennent mécaniques, vidées de leur dimension énergétique et spirituelle.
- Perte de la dimension martiale
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- L’aïkido traditionnel est un budō (voie martiale), pas un sport. Supprimer la dimension martiale (efficacité réelle, travail du ki, intention), c’est en faire une simple gymnastique.
- Commercialisation et folklorisation :
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- Les fédérations poussent à l’augmentation du nombre de licenciés, à la création de compétitions, de démonstrations spectaculaires, ce qui transforme l’aïkido en produit de consommation.
- Exemple : Certains clubs proposent des “stages d’aïkido self-défense” ou des “grades en accéléré”, ce qui est aux antipodes de la philosophie d’O-Sensei. Quand on ne mélange pas avec ce qui est à la mode aïkido yoga, zumba etc...
- Rupture de la lignée :
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- En adhérant à une fédération, le dojo se place sous une autorité externe, souvent politique ou administrative, et non plus sous l’autorité d’un maître de la lignée.
- Cela revient à dire : “Nous préférons les règles d’une institution moderne à l’enseignement du fondateur.”
- 3. La “caricature locale” : quand l’aïkido perd son âme
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Quand un dojo quitte la lignée traditionnelle pour une fédération sportive, on observe
souvent :
- Des techniques simplifiées, adaptées à un public débutant ou “de loisir”, sans profondeur martiale.
- Une pratique “douce” ou “thérapeutique”, où l’on évite tout contact fort, toute chute, toute intensité, par peur des accidents ou des poursuites judiciaires.
- Un enseignement “à la carte”, où l’on pioche dans différentes écoles sans cohérence, créant un aikido hybride et superficiel.
- Une perte du reishiki (étiquette, rituels etc.), remplacé par une ambiance “détente” ou “bien-être”.
- Des grades distribués rapidement, pour fidéliser les élèves, sans exigence réelle de maîtrise technique ou morale.
- Exemple concret : Certains clubs en Occident proposent des “cours d’aïkido pour seniors” ou “aïkido sans chute”, ce qui est très éloigné de la pratique exigeante et rigoureuse du fondateur, où la chute (ukemi) est un élément clé de l’apprentissage.
- 4. Pourquoi les dojos traditionnels refusent-ils ce modèle ?
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- Respect du fondateur : O-Sensei a explicitement rejeté l’idée de compétition et de sportivisation de l’aïkido.
- Préservation de l’efficacité martiale : Un aikido édulcoré n’est plus un art martial, mais une activité physique parmi d’autres.
- Fidélité à la voie (dō) : La pratique de l’aïkido est une quête spirituelle, pas un loisir.
- Loyauté envers la lignée : Un dojo traditionnel se doit de rester fidèle à son maître et à son école, sous peine de trahir la confiance placée en lui.
- Analogie : C’est comme si un monastère bénédictin décidait de s’affilier à une chaîne de spas pour attirer plus de clients : l’esprit originel est perdu, même si les murs restent les mêmes.
- 5. Que faire en pratique ?
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- Choisir un dojo affilié à une école traditionnelle (Aikikai, Yoshinkan, Iwama Ryu, etc.), dirigée par un maître reconnu dans la lignée.
- Éviter les clubs “multi-arts martiaux” ou ceux qui proposent un aikido “light” ou “adapté”.
- Se méfier des fédérations sportives qui imposent des règles ou des programmes techniques standardisés.
- Privilégier les dojos où l’on parle de ki, de reishiki, de lignée, de filiation, et où la pratique est exigeante physiquement et moralement.
-
Adhérer à une fédération sportive, pour un dojo d’aïkido traditionnel, revient à
abandonner l’esprit du fondateur pour une logique de marché, de
performance et de
standardisation.
Cela transforme l’aïkido en une caricature locale, une coquille vide où subsistent quelques mouvements, mais plus l’âme ni l’efficacité martiale.
4. Pour certains la religion peut être un obstacle à la pratique de
l'aïkido
- Concilier la pratique d’un art martial comme l’aïkido, souvent perçu à tort comme une activité religieuse ou spirituelle, avec les convictions personnelles et religieuses de certains pratiquants potentiels.
- Voici quelques pistes pour aborder ces personnes avec respect et les encourager à pratiquer une version laïque de l’aïkido, tout en tenant compte de leurs croyances :
- 1. Démystifier l’aïkido traditionnel
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- Expliquer la nature laïque de l’aïkido : Insister sur le fait que l’aïkido est avant tout un art martial, une discipline physique et mentale, et non une religion. Les rituels (comme le salut) sont des marques de respect mutuel et de tradition martiale, pas des actes religieux.
- Comparaison avec d’autres pratiques : Rappeler que de nombreux sports ou arts martiaux (judo, karaté, escrime) ont des codes de respect et des rituels, sans pour autant être associés à une religion.
- 3. Dialogue et écoute
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- Comprendre leurs craintes : Engager une discussion ouverte pour cerner précisément ce qui les bloque (est-ce le salut, la mixité, la perception spirituelle ?).
- Impliquer des figures respectées : Si possible, faire intervenir des pratiquants ou des enseignants partageant leur foi, qui pourront témoigner de leur propre expérience et rassurer.
- 4. Mettre en avant les bénéfices
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- Valeurs universelles : Souligner que l’aïkido enseigne des valeurs comme le respect, la non-violence, la maîtrise de soi, qui sont compatibles avec la plupart des religions.
- Santé et bien-être : Insister sur les bienfaits physiques et mentaux (souplesse, concentration, gestion du stress), indépendamment de toute dimension religieuse.
- 5. Ressources et témoignages
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- Partager des témoignages : Montrer des exemples de pratiquants de différentes confessions qui ont trouvé un équilibre entre leur foi et la pratique de l’aïkido.
- Documents et références : Fournir des textes ou des vidéos expliquant la laïcité de l’aïkido, écrits par des experts.
5. Comment réagir face aux demandes d’adaptation ?
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L’aïkido, comme tout art martial traditionnel, s’inscrit dans un cadre précis, avec ses
rituels, sa philosophie et ses valeurs.
Il ne s’agit pas d’un “supermarché” où l’on pioche ce qui nous arrange, mais d’une discipline à accepter dans son intégralité — ou à ne pas pratiquer. - Pourquoi cette rigueur est-elle légitime ?
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- Respect de la tradition : L’aïkido n’est pas qu’une technique, c’est une voie (un “do”) qui inclut une étiquette, une éthique et une dimension spirituelle (au sens large, pas religieux). Modifier ces éléments, c’est risquer de dénaturer l’art lui-même.
- Cohérence collective : Un dojo est un espace partagé. Si chacun adapte les règles à ses croyances, la pratique collective devient impossible, et l’esprit du dojo se perd.
- Intégrité de l’enseignement : Un enseignant d’aïkido a le devoir de transmettre l’art tel qu’il l’a reçu, pas de le réinventer pour satisfaire des demandes individuelles.
- Comment répondre à ceux qui veulent “adapter” ?
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- Clarté dès le départ : Expliquer que l’aïkido se pratique avec ses codes, et que ces codes ne sont pas négociables. C’est comme vouloir jouer au rugby sans plaquage ou au tennis sans filet : ce n’est plus la même discipline.
- Respect mutuel : Si la personne ne peut ou ne veut pas respecter ces codes (salut, mixité, etc.), lui suggérer de chercher une autre activité plus adaptée à ses convictions. Juste une question de respect et de cohérence.
- Ne pas confondre adaptation et respect : On peut respecter les croyances de chacun sans pour autant modifier la pratique. Par exemple, on peut expliquer le sens du salut (respect, politesse, humilité, sécurité) sans le supprimer.
- En pratique
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- Ne pas transiger sur l’essentiel : Le salut, la mixité, l’étiquette du dojo sont des piliers. Les remettre en cause, c’est remettre en cause l’aïkido lui-même.
- Profond respect pour la tradition, la filiation martiale et l’intégrité de la pratique.
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Respect de la lignée :
L’aïkido n’est pas une invention
individuelle, mais le fruit d’un héritage transmis de maître à élève.
Trahir cet héritage, c’est rompre le lien avec ceux qui ont consacré leur vie à cette voie. - Cohérence de la pratique : Les rituels, l’étiquette, la mixité, la philosophie ne sont pas des accessoires, mais des éléments constitutifs de l’art. Les supprimer ou les modifier, c’est comme enlever les fondations d’une maison : tout s’effondre.
- Respect envers les pratiquants : Ceux qui s’engagent dans l’aïkido le font en connaissance de cause, en acceptant ses règles et son esprit. Les dénaturer, c’est tromper leur confiance et leur engagement.
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Respect de la lignée :
L’aïkido n’est pas une invention
individuelle, mais le fruit d’un héritage transmis de maître à élève.
- Comment réagir face aux demandes d’adaptation ?
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- Rappeler l’essence de l’aïkido : Expliquer que l’aïkido n’est pas un simple sport ou une activité de loisir, mais une voie martiale et spirituelle (au sens large) qui exige humilité, respect et acceptation de ses règles.
- Refuser les compromis : Si une personne refuse le salut, la mixité ou d’autres éléments fondamentaux, lui dire clairement que l’aïkido n’est pas fait pour elle, et lui suggérer de chercher une autre activité.
- Protéger l’intégrité du dojo : Un dojo est un lieu sacré pour la pratique. Y introduire des exceptions, c’est risquer de créer des tensions, des inégalités et, à terme, de perdre l’esprit même de l’aïkido.
- L’aïkido n’est pas un buffet où l’on choisit ce qui nous plaît. C’est un engagement total, un respect de la tradition et une fidélité à l’enseignement du fondateur. Accepter de le dénaturer, c’est trahir non seulement O-Sensei, mais aussi tous ceux qui, avant nous, ont préservé cet art.
6. Pourquoi cette relation maître-élève est-elle centrale ?
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- Transmission directe : L’aïkido traditionnel se transmet de personne à personne, par l’exemple, la pratique et l’expérience partagée. C’est une filiation vivante, pas un programme standardisé, normalisé comme un sport.
- Pureté de la pratique : Sans interférence extérieure, le dojo reste un espace où l’on se consacre uniquement à l’étude de l’aïkido, sans distraction, sans dilution.
- Responsabilité mutuelle : Le maître a la responsabilité de transmettre fidèlement l’enseignement reçu ; l’élève, celle de l’accueillir et de le perpétuer. Cette relation est au cœur de la préservation de l’art.
- Les risques des influences extérieures
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- Dilution de l’enseignement : Les fédérations, les associations, les normes administratives ou sportives peuvent imposer des modifications (compétitions, grades standardisés, adaptations “modernes”) qui éloignent de l’esprit originel.
- Perte de temps et d’énergie : Se conformer à des exigences extérieures, c’est souvent détourner l’attention de l’essentiel : la pratique pure, la recherche technique et spirituelle.
- Incohérence de la pratique : Chaque adaptation, chaque compromis avec l’extérieur risque de transformer l’aïkido en quelque chose d’autre — un sport, une activité de bien-être, une thérapie — mais plus en aïkido traditionnel.
- Comment préserver cette pureté ?
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- Autonomie du dojo : Refuser toute ingérence extérieure, qu’elle vienne de fédérations, de politiques sportives ou de modes passagères.
- Fidélité à la lignée : Ne reconnaître comme autorité que le maître et, à travers lui, la lignée qui remonte au fondateur.
- Refus des compromis : Ne pas accepter de modifier la pratique pour des raisons de commodité, de modernité ou de conformité sociale.
- L’aïkido traditionnel, est une voie exigeante, qui ne se plie ni aux modes, ni aux pressions extérieures, ni aux demandes individuelles. C’est une pratique qui se vit dans l’humilité, le respect et la fidélité à l’enseignement reçu. Tout ce qui s’en éloigne n’est plus de l’aïkido traditionnel, mais une imitation, une version édulcorée ou détournée.
7. Reishiki (l'étiquette) et prérequis à un cours d'essai en aïkido
traditionnel
- Arriver avec cet état d'esprit — l'envie de comprendre le « pourquoi » avant le « comment » — est déjà le premier pas dans la pratique de l'Aïkido.
- Vous évitez ainsi l'écueil principal : chercher à « gagner » ou à « transpirer » comme dans un sport de fitness. Donc peut-etre lire ce chapitre avant ce cours.
- Voici les clés du Reishiki (l'étiquette) et les concepts fondamentaux pour aborder votre cours d'essai avec l'œil d'un pratiquant (budoka) et non d'un simple consommateur sportif.
- 1. Changer de paradigme : Du Sport au Budo
-
Le préjugé occidental le plus tenace est la dualité Gagnant / Perdant.
En Aïkido
traditionnel, cette dualité n'existe pas.
A la dualité nous préférons la complémentarité utile.
- Pas de compétition : Il n'y a ni médailles, ni points, ni vainqueurs. Le but n'est pas de vaincre l'autre, mais de se vaincre soi-même (peur, raideur, égo).
- Complémentarité utile vs Confrontation : Votre partenaire n'est pas un adversaire. Vous travaillez ensemble pour polir une technique. Si l'un bloque l'autre par pure force pour l'empêcher de travailler, l'apprentissage s'arrête pour les deux.
- L'efficacité différée : Ne jugez pas l'efficacité martiale sur un cours d'essai. L'Aïkido demande des années pour être applicable en situation réelle. Cherchez la fluidité et le placement, pas la destruction immédiate.
- 2. Le Reishiki : Le rituel comme outil de vigilance
- L'étiquette n'est pas une soumission hiérarchique ni un folklore religieux. C'est un exercice de Zanshin (vigilance, présence d'esprit) et de respect mutuel.
- Avant de monter sur le tapis (Tatami)
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- Les Zoori (tong) : On ne marche jamais pieds nus hors du tatami (hygiène) et jamais en chaussures sur le tatami. En montant sur le tapis, laissez vos sandales bord à bord, pointes vers l'extérieur (dos au tapis). Cela signifie que vous êtes prêt à repartir, mais aussi que vous laissez le monde extérieur derrière vous.
- Le Salut au Kamiza : En entrant dans le Dojo et en montant sur le tapis, on salue (une inclinaison du buste) en direction du Kamiza (le mur d'honneur où se trouve souvent le portrait du fondateur, Morihei Ueshiba). C'est un signe de respect pour le lieu et la lignée.
- Le Salut (Rei)
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Il y a deux façons de saluer :
- Ritsurei (salut debout) : Talons joints, inclinaison du buste à environ 30-45 degrés, regard vers le sol (signe de confiance).
- Zarei (salut à genoux) : Plus formel. On pose main gauche puis main droite au sol pour former un triangle, on s'incline, puis on se redresse main droite puis gauche.
- Si la position à genoux (Seiza) est douloureuse, signalez-le discrètement. Il est toléré pour les débutants de se mettre en tailleur (Anza) si la douleur empêche la concentration.
- 3. La dynamique du cours : Rôles et Attitudes
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Tori et Aïte (et non pas uke terme judo) : Une relation Yin/Yang, pas de dualité, de
confrontation (awase, kinonagare)
- Tori (celui qui fait) : C’est celui qui initie la technique, qui guide le mouvement. Il apprend à maîtriser la forme, le mawaï, la précision et l’efficacité de la technique.
- Aïte (celui qui subit la technique) : Il attaque et subit la technique. Le piège à éviter : Penser que Uke est un sac de frappe passif. Être Aïte c'est apprendre la même chose de l'autre côté, c'est plus difficile qu'être Tori. Aïte doit attaquer sincèrement, protéger son corps dans la chute et se relever immédiatement. C'est une étude de la résilience et du kinonagare.
- Ce qu’on apprend en étant aïte
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- La sincérité de l’attaque : Un bon aïte attaque avec engagement et réalisme, ce qui permet à tori de travailler dans des conditions proches de la réalité. Sans une attaque sincère, la technique de tori perd son sens.
- La réception (ukemi) : Apprendre à tomber, à rouler, à se protéger. C’est une compétence à part entière, qui demande souplesse, contrôle et confiance. Un bon ukemi permet de recevoir la technique sans se blesser, mais aussi de “nourrir” le mouvement de tori.
- La compréhension de la technique : En recevant la technique, on comprend mieux ses mécanismes, ses points de déséquilibre, ses failles. C’est une façon d’étudier l’aïkido “de l’intérieur”.
- L’humilité et l’écoute : Être aïte, c’est accepter de se mettre en position de vulnérabilité, d’écouter le corps et le mouvement de l’autre, de s’adapter à son niveau et à son énergie.
- La complémentarité des 2 aïte/tori
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- Un échange constant : l'un est le mirroir de l'autre Tori et aïte sont en dialogue permanent. L’un ne va pas sans l’autre. Une technique réussie dépend autant de la qualité de l’attaque que de la justesse de la réponse.
- Alternance indispensable : En dojo, on alterne régulièrement les rôles. Cela permet de progresser de manière équilibrée, et de ne pas développer une vision unilatérale de la pratique.
- Respect mutuel : Les deux rôles exigent respect et attention. Un bon aïte ne “résiste” pas pour le plaisir, mais il ne se “laisse pas faire” non plus : il offre une opposition juste, qui permet à tori de progresser.
- Être aïte, ce n’est pas “subir” la technique, c’est en être un partenaire actif. C’est une école de rigueur, d’écoute et de respect. Sans aïte, pas de tori ; sans tori, pas d’aïte. Les deux rôles s’enrichissent mutuellement et sont indispensables à la progression en aïkido.
- Le silence et l'observation (Mitori Geiko)
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En Occident, on pose des questions, on débat, on analyse vocalement.
- En Aïkido : On parle peu. On observe le professeur (Sensei).
- Quand le Sensei montre une technique, on s'assoit immédiatement en Seiza (ou tailleur) sur le bord du tapis et on regarde.
- N'essayez pas de corriger votre partenaire verbalement lors de votre premier cours. Contentez-vous d'essayer de reproduire le mouvement.
- 4. Les prérequis physiques et matériels
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Pas besoin d'être un athlète, mais quelques détails comptent :
- La tenue : Pour un essai, un pantalon de jogging long (pour protéger les genoux) et un t-shirt manche longues suffisent. Pas de shorts. Retirez tous les bijoux (montres, bagues, boucles d'oreilles) pour ne pas blesser ou vous blesser.
- L'hygiène : c'est une marque de respect majeure. Avoir les pieds propres (lavez-les avant de monter si besoin), les ongles courts (pour ne pas griffer) et une haleine fraîche. La pratique est très rapprochée.
- Le contact : Préparez-vous à être saisi aux poignets ou aux vêtements. Si vous avez une appréhension du contact physique, sachez que c'est normal.
- 5. Ce que vous devez chercher (La Finalité)
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Ne cherchez pas à "faire tomber" l'autre.
Cherchez l'Harmonie (Aï). Lors de ce cours, concentrez-vous sur deux choses :
- Votre centre : Essayez de bouger à partir de votre ventre (Hara) et non de vos épaules.
- La connexion : Essayez de sentir le moment où votre mouvement rencontre celui de l'autre sans heurt (pas de "boum", mais un accompagnement).
- Résumé pour votre premier cours
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- Arrivez en avance.
- Saluez le tatami.
- Soyez propre et sans bijoux, rien dans la bouche.
- Ne forcez pas contre votre partenaire, accompagnez le mouvement.
- Observez beaucoup, parlez peu.
- C'est un voyage fascinant qui commence souvent par une incompréhension, car nos repères habituels sont bousculés. Laissez-vous bousculer.
- 1. Les expressions de politesse (Indispensables)
- Ne vous inquiétez pas de tout retenir par cœur, mais avoir entendu ces mots une fois vous permettra de ne pas être perdu et de mieux comprendre les consignes.
- 1. Les expressions de politesse (Indispensables)
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En Aïkido, le cours commence et finit par le respect. C’est le ciment de la pratique.
- Onegai shimasu (prononcé Onégaï shimas'): "S'il vous plaît", ou plus littéralement "Je vous fais une requête".
- Quand l'utiliser : On le dit au Sensei au début du cours, et à chaque partenaire avant de commencer un exercice avec lui. C’est une façon de dire : "Prête-moi ton corps pour que j'apprenne, et je prendrai soin du tien."
- Domo Arigato Gozaimashita (prononcé Domo arigato gozaïmosh'ta):
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- "Merci beaucoup" (au passé, pour ce qui vient d'être fait).
- Quand l'utiliser : À la fin du cours au salut collectif, et à chaque fois que vous terminez de travailler avec un partenaire.
- 2. Les mouvements du corps
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- Les 2 faces d'une même chose yin/yang
- Irimi (Entrer): C’est l'action d'avancer droit vers le partenaire, d'entrer dans son espace pour prendre l'initiative ou couper son attaque. C'est le côté "positif/yang" de l'action.
- Tenkan (Pivoter): C’est l'action de pivoter sur un pied (souvent à 180 degrés) pour laisser passer la force de l'attaque et se retrouver à côté du partenaire, regardant dans la même direction que lui. C’est le fameux mouvement circulaire caractéristique de l'Aïkido.
- 3. Les consignes du Sensei
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- Seiza: La position assise formelle, à genoux, fesses sur les talons, dos droit. C'est la position d'écoute et de salut.
- Profitez bien de cette découverte. L'Aïkido est complexe au début car il demande de relâcher nos tensions habituelles, mais c'est une étude passionnante. Bon cours !